dimanche, mars 20, 2005

Hommage et soutien à Me Mohammed ABBOU

Par nawaat.org

C'est avec des hommes et des femmes de la trempe et de la sincérité de Mohammed ABBOU que la résistance démocratique se construit d'authentiques icones et ses propres référents.

L'avocat Mohammed ABBOU, militant des droits de l'Homme et membre dirigeant du Congrès pour la République, a été arrêté ou, faut-il dire plus exactement, enlevé le 1er mars 2005 dans la nuit. Selon les faits, dénoncés par un communiqué du Conseil National des Libertés, le 2 au matin, le ministère de la justice et le procureur de la république disaient tout ignorer de son sort. Et puis voilà qu'en fin de matinée, un juge d'instruction, celui-là même qui quelques heures plus tôt affirmait au Batonnier ne rien savoir, lui non plus, se déclarait en charge du dossier! Entre temps, un certain Faouzi Sassi, ce juge s'est à l'évidence mis au service de la police politique pour en couvrir les pratiques arbitraires, en commettant une suite de falsifications, dont la délivrance d'une commission rogatoire antidatée. Il poussera le zèle jusqu'à vouloir interroger Mohammed ABBOU hors la présence de ses avocats, en refusant à ces derniers le droit d'assister à l'audience, et approuvera les violences physiques exercées par une centaines de flics et de nervis sur l'épouse de Me ABBOUl et des 50 avocats de la défense regroupés devant le bureau dudit juge. Le lendemain, il se rendra lui-même coupable d'agression physique, dans son bureau, sur la personne de Me Mohammed Najib Hosni, avocat de la défense, venu lui notifier que la direction de la prison, se moquant de l'autorisation réglementaire de visite, lui a dénié le droit de voir Mohammed ABBOU !!! Le 16 mars, jour de comparution de M. Abbou pour instruction, le même juge récidiva, toujours dans son bureau et en présence du premier substitut du procureur. Fort de la présence d’importantes forces de police à l’intérieur et à l’extérieur du palais de justice, il brutalisa et insulta le bâtonnier venu à la tête d’une délégation de cinq représentant du Conseil de l’ordre des avocats et du Comité de soutien, lui signifier la constitution de plus de 600 avocats, on parle même de plus de 800, pour la défense de Me ABBOU !

Que reprochent la police et la justice de la dictature à Me Mohammed ABBOU ?

Officiellement, il doit répondre de "publication et diffusion de fausses nouvelles de nature à troubler l'ordre public", "outrage à la magistrature", "incitation de la population à enfreindre les lois du pays", "publication d'écrits de nature à troubler l'ordre public", pour avoir publié, il y a six mois, sur la liste de diffusion du site de référence de l'opposition tunisienne Tunisnews.net, un article critique intitulé "أبو غريب "العراق و"أبو غرائب تونس ", mettant en rapport le silence des tunisiens sur les tortures et la sauvagerie pénitentiaire dans leur propre pays, et leur indignation bruyante exprimée contre les exactions d'Abou Ghrib...
En vertu du code de la presse et du code pénal, il encourt une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans.

On s'accorde cependant à considérer que le régime du général Ben Ali en veut à Mohammed ABBOU pour avoir publié récemment sur le même site un autre article railleur qui, sous le titre " بن علي – شارون (Ben Ali-Sharon)" , compare le dictateur tunisien et le criminel de guerre sioniste... Extraits :

... Tous les deux sont militaires, experts dans la répression des intifada, en plus d'être en quête permanente de soutien international et d'avoir dans leur famille des membres trempés dans les délits de corruption financière. Et Me ABBOU d'ironiser sur la coopération attendue de l'invitation de Sharon : Israël pourrait nous envoyer des experts agronomes pour nous aider à réaliser une production agricole autosuffisante, et la Tunisie pourrait envoyer quelques uns de nos honorables juges contribuer à limiter le laxisme du système judiciaire israélien qui innocente de temps en temps des palestiniens non convaincus d'agression sur les personnes, contrairement à nos juges qui n'hésitent pas, eux, à condamner de jeunes tunisiens à 15 ans de prison simplement parce qu'ils ont projeté d'aller aider la résistance palestinienne. La Tunisie pourrait aussi rendre service à Sharon en sauvant son fils si Israël acceptait de confier à l'un de nos procureurs les fonctions de procureur chez eux. ... Les deux parties pourraient s'échanger également leurs techniques de torture...

Personne ne s'y trompe : dans le contexte de contestation générale de l'invitation de Sharon, c'est ce texte de lèse-majesté qui, de l'avis général, vaut à Mohammed ABBOU arrestation et inculpation. L'instruction ne fait que commencer. Et déjà la mobilisation est exceptionnellement forte.



Face à ces manifestations à la fois de résistance à l'avilissement de la justice, asservie à la police, et de dénonciation de l'invitation du criminel sioniste, le régime s'affole. C'est la fuite en avant, ...vers davantage d'intimidation, de diversion, d'arbitraire et de répression. Ainsi, quelques juges irréversiblement corrompus tentent, notamment au moyen d'une presse aux ordres, de désavouer l'ATM pour ses prises de positions relatées plus haut. Ici et là, on ferme et ou on encercle les universités. Et l'on sait que les forces de sécurité de la dictature, toutes en état d'alerte, ont réprimé avec une violence disproportionnée et injustifiée les tentatives de manifestations pacifiques, arrêté et soumis à la torture nombre de manifestants parmi les étudiants, ainsi que rapporté par le témoignage poignant de Me Abdelwaheb Maatar ( أنــــــــــا أتّهـــــــــم) , avant d'être condamnés, avec d'autres, par sa justice expéditive.
Quant à Mohammed ABBOU, et face à l'échéance du 15 mars, date retenue pour un rassemblement des avocats devant la prison civile de Tunis où leur confrère est détenu, les serviteurs de la dictature ont purement et simplement procédé, au mépris du texte et de l'esprit de la loi, à son transfert à la prison du Kef, à quelques ...180 km de Tunis. Par cette mesure illégale, les autorités cherchaient donc à décourager, en le rendant sans objet, le rassemblement des avocats du 15 mars devant la prison du 9 avril à Tunis. Elles visaient aussi, comme elle en a l’habitude, à isoler Mohammed ABBOU de sa famille et de ses avocats en rendant les visites quasi-impossibles en raison de la route, qu’on sait montagneuse et donc difficile, et compte tenu du fait que les autorisations de visite sont valables pour le jour même. Résultat : ni son épouse ni ses avocats n’ont pu voir Me Abbou, pas même le jour de sa comparution devant le juge d’instruction le 16 mars. De fait, on ne sait pas s’il avait été amené de sa prison du Kef pour l’occasion

Autant dire que la résistance démocratique est plus que jamais à l'ordre du jour. La solidarité aussi.

Dites la votre en signant le livre de solidarité (mis en ligne par le CPR) avec Mohammed ABBOU et l'Appel international pour sa libération

signer le livre d'or de Me Abbou signer l'Appel international




Comments:
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La liberté d'expression en Tunisie a un grand prix, il y aura un long chemin avant que la démocratie s'impose réellement en Tunisie.

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Lieu : Tunisia

Il est dans l’air du temps de s’identifier par sa qualité d’Homme. Moyennant quoi, bien des intellectuels arabes se détachent de leur appartenance identitaire, et trouvent même quelque gloire à dénigrer leur peuple… Je ne suis, moi, qu’un homme. Mon humanité n’est pas dans l’humanisme abstrait qui donne les hommes pour des sujets également dotés de droits inaliénables. Mon humanité est dans la réalité sensible des situations concrètes de révolte et de résistance de l’homme opprimé. Ici, je suis « un indigène de la république». Là-bas, je suis ouildbled : un enfant du pays, de mon peuple. Un peuple opprimé par une dictature d’autant plus féroce et humiliante qu’elle jouit du soutien des puissances occidentales et s’encanaille avec le sionisme. Ma singularité n’a de sens que référée et incluse dans le nous qui parle en moi et pour moi. Il n’est d’homme libre qu’appartenant à un peuple lui-même libre. Et il n’est d’humanisme universel qu’incarné dans les humanités particulières telles que vécues dans des conditions historiques données. Je suis arabe. Je suis musulman. Je suis résistant.